Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/113

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Elle ne peut ajouter un mot et se jette dans les bras de sa fille.

— Ah ! mon Dieu ! dispensez-moi de vos embrassades, maman ! dit Zina dégoûtée. Cet enthousiasme est tout à fait déplacé. J’exige une réponse à ma question, et voilà tout.

— Mais, Zina, je t’aime, je t’adore ! et tu me repousses ! C’est pour ton bonheur que je travaille.

Et des larmes sincères ruissellent des yeux de Maria Alexandrovna. Elle aime en effet Zina à sa manière, et d’ailleurs l’émotion du triomphe rend sentimental comme une baba[1]ce général en jupon. Zina sent bien, malgré tout, que sa mère l’aime ; mais cet amour lui pèse, elle préférerait la haine.

— Eh bien ! ne vous fâchez pas, maman ; je ne sais pas bien ce que je fais, je suis si troublée !… dit-elle pour la tranquilliser

— Je ne me fâche pas, je ne me fâche

  1. Femme de moujik.