Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ah ! Zina, il y a donc des calculs qui ont de l’influence sur toi ? Je l’ai touchée en faisant briller à ses yeux un doux avenir… Qu’elle est belle aujourd’hui ! mais, avec sa beauté, j’aurais mis sens dessus dessous la moitié de l’Europe. Enfin, attendons un peu. Shakespeare lui passera quand elle sera princesse. Elle ne connaît que Mordassov et son outchitel !… Quelle princesse elle sera ! J’aime en elle cet orgueil, cette fierté… elle a des regards de reine. Comment aurait-elle pu méconnaître son intérêt ? Elle a fini par le comprendre ! Je resterai auprès d’elle, et elle consentira à tout ce que je voudrai. Sans moi, elle ne pourrait se conduire, mais je ne la quitterai pas. Je serai princesse, moi aussi. On parlera de moi jusque dans Pétersbourg… Adieu, sotte petite ville ! Le prince et le gamin mourront, et je la marierai avec un roi régnant ! Je ne crains qu’une chose : n’ai-je pas été trop franche avec elle, trop sensible ? Elle me fait peur ! Ah ! qu’elle me fait peur ! »