Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/153

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quitter sa mère ! crie-t-elle. Mais maintenant mon cœur pressent la séparation. Tout à l’heure encore, je remarquais qu’elle vous regardait particulièrement… Votre aristocratie, votre finesse l’ont séduite, prince !… Oh ! vous nous séparerez, je le pressens !

— Je l’a-ado-dore, murmure le prince frissonnant comme une feuille.

— Donc, tu abandonnes ta mère ! s’écrie Maria Alexandrovna en se précipitant de nouveau au cou de sa fille.

Zina, pour finir cette scène pénible, tend au prince sa belle main et s’efforce même de sourire. Le prince prend respectueusement cette main et la couvre de baisers.

— Ce n’est que maintenant que je commence à vivre !…

— Zina ! dit avec solennité Maria Alexandrovna, regarde cet homme : c’est le plus honnête, le plus noble des hommes ! C’est un chevalier du moyen âge ! Elle le sait, prince, elle ne le sait que trop, pour mon