Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/156

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quitterai pas Zina, et nous verrons si on ose vous dire un mot.

— Savez-vous, prince ? votre mariage les consternera ; cela leur fera honte ! Ils verront que vous êtes encore capable… c’est-à-dire… ils comprendront qu’une telle beauté n’aurait pas épousé un fou. Maintenant vous pouvez lever la tête et les regarder en face !

— Mais oui… en face !… murmure le prince en fermant les yeux.

— Il est bien affaissé, pense Maria Alexandrovna ; je crois que je parle inutilement.

— Mon prince, vous êtes ému, il faut vous reposer, dit-elle en se penchant vers lui avec une sollicitude maternelle.

— Mais oui… me cou-coucher un peu.

— Oui, ces émotions… attendez, je vais vous accompagner. Je vous coucherai moi-même s’il le faut. Pourquoi regardez-vous ainsi ce portrait, prince ? C’est le portrait de ma mère, un ange plutôt qu’une femme. Oh ! pourquoi n’est-elle pas ici ? C’était une juste,