Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/166

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— Je viens précisément d’entendre les preuves de ce fol amour, dit Mozgliakov avec ironie.

— C’est bien ! mais dans quels termes lui avez-vous parlé ? Est-ce ainsi qu’un amoureux doit s’exprimer ? Est-ce le langage d’un homme de bon ton ? Vous l’avez offensée, irritée.

— Il s’agit bien de bon ton, Maria Alexandrovna ! Ce matin, vous me faisiez bon visage toutes deux, mais quand je suis parti avec le prince vous m’avez bien arrangé. Je sais, je sais tout !

— Probablement de la même ignoble source, observa Maria Alexandrovna avec un sourire de mépris. Oui, Pavel Alexandrovitch, je vous ai bien arrangé et, je vous l’avoue, cela n’a pas été sans peine. Il m’a fallu lutter contre mes propres sentiments. Mais le fait seul que j’aie dû vous calomnier vous prouvera assez qu’il m’a été difficile d’obtenir d’elle qu’elle renonçât à vous ! Ne voyez-vous donc pas plus loin que votre