Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/175

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nombreuses beautés, et, au milieu de toute cette fête, vous êtes seul, triste, rêveur, pâle, adossé quelque part contre une colonne (mais de manière à être vu) ; vous la suivez du regard dans le vertige des danses ; auprès de vous vibrent les accords divins de Strauss. Partout étincelle dans les conversations l’esprit de la haute société ; et vous demeurez seul, pâle, mélancolique, enseveli dans votre passion. Pensez donc : que deviendra Zinaïda en vous apercevant ! De quels yeux elle vous regardera ! « Et moi, pensera-t-elle, qui ai douté de cet homme ! Il m’a tout sacrifié ! il s’est déchiré le cœur pour moi ! » Certes, son ancien amour ressusciterait en elle avec une force irrésistible.

Maria Alexandrovna s’arrêta pour re prendre haleine. Mozgliakov s’agite dans son fauteuil, qui manque de se détraquer complètement. Maria Alexandrovna continue :

— Pour la santé du prince, Zina part à l’étranger, en Italie ou en Espagne, le pays