Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/183

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pas l’entendre : elle est courbée, le visage dans son oreiller inondé de larmes ; elle arrache de ses blanches mains ses cheveux longs et magnifiques ; ses bras sont nus jusqu’au coude. Parfois, un frisson la secoue. Sa mère lui parle, sans que Zina consente à lever la tête.

Maria Alexandrovna insiste un instant, puis sort, très inquiète. Elle monte en voiture et ordonne de fouetter les chevaux.

« Le plus grand mal, pense-t-elle, c’est que Zina ait entendu ma conversation avec Mozgliakov. J’ai employé avec elle et avec lui presque les mêmes arguments ; elle est orgueilleuse et s’en est peut-être offensée… Hum ! surtout, surtout, il faut agir avant que rien s’ébruite. Quel malheur ! Et si, pour comble, j’allais ne pas trouver mon imbécile à la maison !… »

À cette pensée, une rage la prend, une rage qui ne présage rien de bon pour Aphanassi Matveïtch. Maria Alexandrovna s’agite