Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/190

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est dans la haute société, et non pas auprès d’un porteur d’eau comme toi ?

— Mais, Maria Alexandrovna, tu es pourtant ma femme devant la loi ! et je te parle… en époux ! objecte Aphanassi Matveïtch, tout en portant vivement ses mains à ses cheveux pour les défendre.

— Ah ! museau ! Ah ! poutre ! a-t-on jamais vu ! sa femme devant la loi ! Qu’est-ce que c’est qu’une femme devant la loi ? Y aurait-il dans la haute société quelqu’un pour employer ce terme de séminariste : devant la loi ? Et comment oses-tu me rappeler que je suis ta femme, quand je fais tout ce que je peux pour l’oublier ? Et pourquoi couvres-tu ta tête de tes mains ?

Regardez un peu ces cheveux ! Tout mouillés ! Ils ne seront pas secs avant trois heures d’ici. Comment l’emmener ? Y a-t-il moyen de le sortir ? Que faire ?

Maria Alexandrovna se tord les mains en courant de long en large dans la chambre. Certes, le malheur est mince et réparable,