Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/209

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Le prince resta rêveur.

— Mais oui… en effet, j’ai peut-être rêvé. Du reste, je me rappelle tout mon rêve. D’abord, j’ai rêvé un terrible taureau avec des cornes… puis un pro-o-cureur… aussi avec des co-ornes…

— C’est probablement Nikolaï Vassilievitch Antipov, mon petit oncle.

— Mais oui… c’est lui. Et puis j’ai vu aussi Napo-poléon Bo-bona-naparte. Sais-tu, mon ami, tout le monde me dit que je lui ressemble ?… De profil, il paraît que je rappelle un ancien pa-pape. Qu’en dis-tu ? Est-ce que j’ai l’air d’un pa-pape ?

— Vous ressemblez plutôt à Napoléon.

— Mais oui… ça, c’est de face. Du reste je le pense aussi, mon ché-er. Je l’ai vu dans mon rêve assis sur son île. Sais-tu ? il était bavard, joyeux, dégourdi ! Il m’a extrêmement amusé !

— C’est de Napoléon que vous parlez, mon petit oncle ? dit Pavel Alexandrovitch en le regardant très absorbé.