Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/215

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— Souvenez-vous donc que cette jeune fille a vingt-trois ans ! Personne ne veut l’épouser, et tout à coup vous, riche, noble, vous la demandez ! Mais ils prendront la balle au vol : ils assureront que vous êtes fiancé et vous la feront épouser. Alors ils se mettront à espérer votre mort prochaine.

— Vraiment !

— Et enfin, petit oncle, est-ce à un homme de votre qualité…

— Mais oui… qualité…

— De votre intelligence, de votre amabilité…

— Mais oui, intelligence, oui…

— Et enfin, vous êtes un prince : est-ce là un parti pour vous, si en effet, pour une raison quelconque, vous voulez vous marier ? Pensez à ce que diraient vos parents.

— Ah ! mon ami, ils me mangeraient tout cru ! Ils m’ont fait déjà tant de méchancetés, de cruautés ! Ima-magine-toi ! je les soupçonne de vouloir me mettre dans une maison de santé ! Voyons ! est-ce que cela est