Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/253

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fêtait. J’entre, et qu’est-ce que je vois ? Un homme honorable, d’un âge sérieux, étendu sur la ta-table… Je reste très étonné, je ne sais où me mettre avec mon bou-ouquet.

— Mais, prince, il ne s’agit pas ici d’anecdote ! interrompt avec dépit Maria Alexandrovna. Certes, ma fille ne chasse pas au fiancé, mais tout à l’heure, vous-même, auprès de ce piano, vous l’avez demandée en mariage. Rien ne vous y forçait… j’en étais moi-même très étonnée… mais je suis une mère, elle est ma fille… Vous venez de parler d’un rêve : je pensais que c’était une allusion allégorique à vos fiançailles. Je sais très bien qu’on vous retourne — je soupçonne qui — comme un gant, mais… expliquez-vous, prince, expliquez-vous au plus vite ! On ne fait pas de telles plaisanteries dans une maison honorable !

— Mais oui ! on ne fait pas de telles plaisanteries dans une maison honorable, dit le prince inconsciemment, mais un peu inquiet.