Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/39

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Je regarde : Dieu ! c’est le prince Gavrila ! Quelle rencontre ! « Prince ! lui criai-je ; petit oncle ! » Du premier regard, il ne me reconnut pas ; je ne sais trop s’il me reconnut au second regard : maintenant encore, je ne sais trop s’il est parvenu à me reconnaître. Je crois qu’il ne se souvient guère de notre parenté. Je le vis pour la première fois, il y a sept ans, à Pétersbourg. J’étais alors un gamin. Je me le rappelle très bien, mais lui, comment pourrait-il se souvenir de moi ? Je me présente : il est enchanté ! Il m’embrasse, puis il se met à trembler de peur et enfin il éclate en sanglots. Par Dieu ! je l’ai vu de mes propres yeux : il a pleuré !

D’un mot à l’autre, je finis par lui proposer de venir prendre à Mordassov au moins un jour de repos. Il y consentit sans hésiter. Il me déclara qu’il se rendait dans la retraite de Svietozerskaïa, chez l’archiprêtre Missaïl qu’il a en grande estime ; que Stepanida Matveïevna — qui de nous autres, parents du prince, n’a pas entendu parler