Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/119

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Zverkov tressaillit, mais d’une façon imperceptible.

— Eh bien… et votre traitement ?

— Quel traitement ?

— Mais vos appointements ?

— Est-ce que vous me faites passer un examen ?

D’ailleurs, je lui dis aussitôt combien je recevais. Je devenais ignominieusement rouge.

— C’est peu de chose, dit gravement Zverkov.

— Oui. monsieur, avec cela on ne peut pas se permettre de dîner au café-restaurant ! ajouta Ferlitchkine avec insolence.

— D’après moi. cela est même tout à fait misérable, remarqua sérieusement Troudolubov.

— Comme vous avez maigri, comme vous avez changé… depuis… ajouta Zverkov, non sans malice, avec une pitié insolente, en m’examinant de la tête aux pieds.

— Cessez donc de l’intimider, s’écria Ferfitchkine ne en pouffant de rire.

— Monsieur, sachez que je ne m’intimide pas, dis-je enfin, éclatant, entendez-vous ! Je dîne ici. au « café restaurant » pour mon argent, pour le mien, et non celui des autres, veuillez le remarquer, monsieur Ferfitchkine.

— Comment ! Qui donc ici ne dîne pas pour son argent ? On dirait que vous… s’accrocha Ferfitchkine, rouge comme une écrevisse et me regardant avec exaspération.