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V

« La voilà, la voilà, enfin, la rencontre avec la réalité, murmurai-je, en descendant rapidement. Ceci n’est plus le départ du pape, quittant Rome et allant au Brésil ; ce n’est plus le bal au lac de Côme ».

— « Tu n’es qu’un lâche ! résonna quelque chose dans ma tête, si tu as le courage d’en rire à présent. »

— « Tant pis ! criai-je, en réponse à moi-même. Maintenant tout est perdu ! »

On ne les voyait plus ; mais cela m’était égal : je savais où ils étaient allés.

Près du perron se tenait un traîneau de louage ; le cocher était vêtu d’une houppelande de drap toute saupoudrée d’une neige fondue qui tombait encore et paraissait tiède. Il faisait chaud et lourd. Son petit cheval brun, velu, était aussi poudré à blanc et toussait ; je me le rappelle bien. Je me jetai dans