Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

excentriques sont admises. Si je demandais même demain au directeur d’être mon second, il devrait y consentir, par sentiment chevaleresque, et garder mon secret ! Anton Antonitch… » Mais à ce moment se présentèrent clairement et nettement à mon esprit, l’inanité de mes suppositions et tout le revers de la médaille, mais…

— Fouette, cocher, marche donc, coquin, marche donc !

— Ah ! monsieur ! répliqua-t-il.

Le froid m’enveloppa.

« Ne serait-il pas mieux… ne vaudrait-il pas mieux… aller droit à la maison ? Oh ! mon Dieu ! Pourquoi, pourquoi ai-je demandé hier à être de ce dîner ! Mais non, c’est impossible ! Et la promenade pendant trois heures de la table au poêle ? Non, ce sont eux, eux et personne d’autre qui doivent régler cette promenade ! Ils doivent laver ce déshonneur ! Marche !

« Mais s’ils me font conduire au poste ! Ils n’oseront pas ! Ils auront peur du scandale. Mais si Zverkov refuse de se battre, par mépris ? C’est même certain ; mais alors je lui prouverai… Je me précipiterai dans la cour de la poste, demain, quand il voudra partir, je le saisirai par la jambe, je lui arracherai sa capote quand il voudra monter dans sa voiture. J’enfoncerai mes dents dans sa main, je le mordrai. Regardez tous jusqu’où l’on peut amener un homme désespéré ! Tant pis s’il me donne