Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/213

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« battre », car. vraiment en ce lieu, au cœur même du Passage, au milieu d’une compagnie de gens instruits, à deux pas de la salle où à ce moment même, M. Lavrov faisait son cours public, l’expression d’un désir aussi réactionnaire n’était pas seulement invraisemblable, mais encore inadmissible et, d’un moment à l’autre, pouvait attirer sur nos personnes les sifflantes lanières du fouet critique de M. Stepanov.

Pour comble de terreur, mes appréhensions se trouvèrent instantanément justifiées. La portière qui fermait la pièce où l’on exposait le crocodile s’écarta et je vis apparaitre sur le seuil un personnage portant barbe et moustaches et qui. son chapeau à la main, penchait vers nous la partie supérieure de son corps tout en conservant prudemment sa base de sustentation dans le vestibule, s’évitant ainsi l’obligation de débourser le prix de l’entrée.

— Madame, fît l’inconnu, tout en accomplissant des prodiges d’équilibre pour maintenir son chef dans la pièce que nous habitions en même temps que ses pieds dans le vestibule — madame, une aspiration aussi rétrograde ne fait point d’honneur à votre intelligence et ne peut être que la conséquence d’une certaine disette de phosphore en votre cerveau. Vous serez incessamment conspuée dans La Chronique du Progrès ainsi que dans nos feuilles satiriques…

Mais il ne put achever sa période. Le propriétaire