Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/239

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mon service et les futiles distractions mondaines. Je vais tout révolutionner ; je serai un nouveau Fourrier… A propos, as-tu remis les sept roubles à Timotheï Sémionitch ?

— Oui. je les lui ai remis de ma poche, fis-je en m’efforçant de faire passer dans ma voix toute l’importance d’un tel sacrifice.

— Nous ferons nos comptes, répondit-il avec arrogance. Je m’attends à voir augmenter mes appointements. Car, enfin, qui donc augmenterait-on sinon moi ? Il me semble qu’on tire grand avantage de moi, en ce moment. Mais, au fait, et la femme ?

— Tu veux sans doute parler d’Elena Ivanovna ?

— La femme ! cria-t-il.

Il n’y avait rien à faire avec ce diable d’homme. Humblement, mais toujours en grinçant des dents je lui racontai comment j’avais laissé son épouse. Il ne m’écouta même pas jusqu’au bout, et m’interrompit avec impatience.

— J’ai sur elle des vues particulières. Si je me rends célèbre ici, je veux qu’elle le devienne là-bas. Les savants, les poètes, les philosophes, les minéralogistes de passage dans notre ville, les hommes d’État qui viendront s’entretenir avec moi le matin, fréquenteront, le soir, son salon. Dès la semaine prochaine, il faut qu’elle commence à recevoir. Étant doublés mes appointements y pourvoiront. D’ail-