Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

» Nous nous demandons cependant encore si cet accident va décider Loukianov à faire réparer son escalier, car le Russe a la tête dure. En attendant. la victime de l’insouciance russe a été transportée à l’hôpital.

» De même, nous ne cesserons de répéter que-les portiers, en enlevant la neige des trottoirs de Vyborgskaïa, devraient prendre quelques précautions pour éviter de crotter les chaussures des passants. Que ne mettent-ils la neige en petits tas, comme il se fait en Europe ? etc., etc. »

— Eh bien, qu’est-ce que ça signifie ? demandai-je en regardant Prokhor Savitch avec une certaine surprise.

— Quoi ?

— Mais voyons, au lieu de plaindre Ivan Matveïtch. on s’apitoie sur ce crocodile !

— Qu’importe que la pitié aille à un mammifère ou à l’autre ? N’est-ce pas à l’européenne ? On y plaint aussi les crocodiles, en Europe ! Hi ! hi ! hi ! Cela dit. cet étrange Prokhor Savitch s’absorba, dans ses paperasses et ne prononça plus un mot. Je mis dans ma poche Le Cheveu et je réunis une provision de journaux pour mon pauvre Ivan Matvéïtch. Puis, bien que l’heure de la sortie fût encore lointaine, je quittai la chancellerie et me rendis au Passage afin de me rendre compte, fût-ce de loin, de ce qu’il s’y passait et de recueillir les, diverses opinions.