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V

Se respecter ! Peut-il donc se respecter celui qui s’est résolu à chercher une jouissance jusque dans le sentiment de sa propre dégradation ? Je ne dis pas cela sous l’empire d’une lâche contrition. D’une façon générale, je n’ai jamais aimé balbutier : « Pardonnez-moi, papa, je ne le ferai plus ! » Non que je fusse incapable de prononcer de telles paroles ; bien au contraire, et c’est peut-être même précisément que je n’en étais que trop capable, et dans quelle mesure ! Autrefois je me plaisais à demander pardon quand justement je n’avais rien fait pour cela et c’était bien le plus vil de mon affaire. Je m’attendrissais, je me repentais ; je versais des larmes et, certainement, je me trompais moi-même quoique je ne me livrasse à aucune simulation ; je ne saurais dire comment mon cœur m’y contraignait. Je ne saurais ici en accuser les lois de la nature malgré qu’elles m’aient toujours