Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/229

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n’éclairait pas) et parvins au salon qui m’était déjà familier.

Une seule bougie.

― Où sont-ils ? demandai-je.

Mais ils étaient déjà partis.

Je ne vis d’abord que la patronne elle-même, qui me connaissait un peu, une femme au sourire idiot. Puis une porte s’ouvrit, et une autre personne entra. Sans faire attention à personne, je marchai à travers la chambre en parlant tout seul. Je me sentais comme sauvé de la mort. Certes, j’aurais certainement, absolument donné le soufflet. Mais ils ne sont plus là, et… tout se transformait pour moi. Je jetai des regards vagues autour de moi, je ne pouvais encore assembler mes pensées. Machinalement je regardai la personne qui venait d’entrer : un visage frais, jeune, un peu pâle, avec des sourcils droits et noirs, une physionomie sérieuse et étonnée. Cela me plut aussitôt. Je l’aurais détestée si elle avait souri. Je la regardai avec plus d’attention, avec une sorte de contention. Il y avait de la bonté, de la naïveté dans ce visage sérieux jusqu’à en être étrange. Assurément elle ne devait pas attirer les imbéciles, et par