Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/234

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Nous nous tûmes.

Dieu sait pourquoi je ne m’en allais pas. Je me sentais moi-même de plus en plus dégoûtant et navré. Les images de tous les menus événements de cette journée défilaient en désordre et malgré moi dans ma mémoire. Je me rappelai tout à coup un incident dont j’avais été témoin, dans la rue, le matin, tandis que je me hâtais d’aller à mon bureau.

― Aujourd’hui, j’ai vu des hommes qui portaient un cercueil, et qui ont failli le laisser tomber par terre, ― dis-je à haute voix, comme par hasard.

― Un cercueil ?

― Oui, sur la Sennaïa. On le faisait sortir d’une cave.

― D’une cave ?

― Pas d’une cave, si tu veux, mais d’un sous-sol… Eh ! tu sais bien… là en bas… de la mauvaise maison. Il y avait de la boue tout autour, des ordures… ça puait… C’était horrible.

Un silence.

― Un mauvais temps pour un enterrement, ― repris-je pour faire cesser un silence pénible.