Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/53

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— Entends toi-même : prends cela et dis-moi ce que c’est que cet homme.

— Ce que c’est ?

— Oui.

— Je te l’aurais dit sans argent.

Le dvornik prit son balai, l’agita une ou deux fois, puis, attentivement et solennellement, regarda Ordinov.

— Tu es un bon barine, mais si tu ne peux pas t’entendre avec un brave homme, fais à ta guise, voilà mon avis.

Le Tartare donna à son regard une expression plus intense, presque courroucée, et reprit son balai. Enfin, il s’approcha mystérieusement d’Ordinov, et accompagnant ses paroles d’un geste très-expressif : — Voilà ce qu’il est.

— Quoi ? Comment ?

— La tête n’y est plus.

— Comment ?…

— C’est parti ! Oui, c’est parti, répéta-t-il avec un air de plus en plus mystérieux. Il est malade… Il avait une barque, une grande barque, et une autre, et encore une autre. Il naviguait sur