Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/145

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c’est que l’étranger. Je le connais, matotchka ; je le connais bien ; il m’est arrivé de manger son pain. Il est méchant, Varinka, méchant, si méchant que le cœur ne peut résister à la souffrance causée par ses gronderies, ses reproches, son mauvais regard. Chez nous, vous avez chaud, vous êtes bien, vous vous trouvez, pour ainsi dire, dans un petit nid hospitalier. Et votre départ nous laissera comme sans tête. Allons, que ferons-nous sans vous ? Que ferai-je alors, moi vieillard ? Nous n’avons pas besoin de vous ? Vous ne nous êtes pas utile ? Comment ne l’êtes-vous pas ? Non, matotchka, jugez vous-même ; comment donc ne nous êtes-vous pas utile ? Vous êtes d’une grande utilité pour moi, Varinka. Vous avez une influence si bienfaisante... Tenez, je pense maintenant à vous, et je suis gai. Parfois je vous écris une lettre, j’y expose tous mes sentiments, et je reçois de vous une réponse détaillée. — Je vous ai acheté quelques vêtements, je vous ai fait faire un chapeau ; parfois vous avez une commission pour le dehors, je me charge de la commission... Non, comment donc n’êtes-vous pas utile ? Arrivé à la vieillesse, que ferai-je seul ? à quoi serai-je bon ? Peut-être n’avez-vous même