Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couche ; c’est la même chose et ce n’est pas la même chose ! Ce matin, je me suis levé tout guilleret, tout joyeux ! Quelle belle matinée aujourd’hui, matotchka ! Chez nous on a ouvert une fenêtre ; le soleil brille, les oiseaux gazouillent, l’air est embaumé des senteurs du printemps, et la nature entière se ranime ; — eh bien, tout le reste ici correspondait à cela, tout était dans la note, printanier. J’ai même fait aujourd’hui des rêvés assez agréables, qui tous avaient trait à vous, Varinka. Je vous ai comparée au petit oiseau du ciel, créé pour la joie des hommes et pour l’ornement de la nature. Je songeais aussi, Varinka, que nous, autres hommes, qui vivons dans les soucis et l’agitation, nous devions envier le bonheur innocent et calme des oiseaux du ciel, — et toutes sortes d’idées dans ce genre-là ; je veux dire que je faisais toujours de ces comparaisons lointaines. J’ai là un livre, Varinka, où se trouvent les mêmes pensées ; tout cela y est, développé très longuement. C’est pour vous dire, matotchka, que les rêveries sont de diverses sortes. Maintenant nous sommes au printemps ; eh bien, on a des idées agréables, fines, piquantes, et l’on fait des rêves tendres ; tout