Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/200

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las, j’interrompis un instant ma marche et, après m’être un peu reposé, je me remis en route. Exprès je regardais autour de moi, cherchant où accrocher mon esprit ; j’aurais voulu me distraire, me remonter un peu le moral, mais non ; je ne pouvais fixer ma pensée sur rien et, pour comble, je me crottais au point que je me faisais honte à moi-même. À la fin j’aperçus de loin une maison de bois peinte en jaune, avec une mezzanine en forme de belvédère. — « Eh bien, me dis-je, ce doit être celle-là, c’est bien ainsi qu’Emilian Ivanovitch m’a décrit la maison de Markoff » (tel est, matotchka, le nom de l’homme qui prête à intérêt). Je ne me connaissais plus et, bien que n’ayant aucun doute, je ne laissai pas de questionner un sergent de ville : « À qui est cette maison, mon ami ? » Le sergent de ville, un grossier personnage, me répond de mauvaise grâce, d’un air fâché : « C’est la maison de Markoff », grommelle-t-il entre ses dents. Tous ces sergents de ville sont si brutaux ! Après tout, que m’importe un sergent de ville ! Mais voilà, c’était tout de même une impression mauvaise, désagréable ; bref, un détail s’ajoute à un autre ; de tout vous tirez quelque chose de conforme à votre