Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/264

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l’autre côté et il est resté quelque temps immobile ; après quoi il a changé de position, il a voulu dire quelque chose. — « Quoi, mon ami ? » lui demande sa femme qui n’a pas bien entendu. Pas de réponse. Elle attend un moment. — « Allons, se dit-elle, il s’est endormi », et elle va passer une petite heure chez la logeuse. Au bout de ce temps, elle revient et voit que son mari ne s’est pas encore éveillé : il est toujours couché sur le lit et ne fait aucun mouvement. Elle pense qu’il dort, s’assied et se met à travailler. D’après ce qu’elle raconte, elle était depuis une demi-heure tellement absorbée dans ses réflexions qu’elle ne se rappelle même pas à quoi elle pensait ; elle dit seulement qu’elle avait même oublié son mari. Mais tout à coup une sensation d’inquiétude l’arrache à ses songeries ; elle est surtout frappée du silence sépulcral qui règne dans la chambre. Elle jette les yeux sur le lit et voit que son mari est toujours couché dans la même position. Elle s’approche de lui, écarte la couverture, regarde : — il est tout à fait froid ! Il était mort, matotchka ; Gorchkoff était mort, mort subitement, comme si un coup de foudre l’avait tué. Mais de quoi il est mort, Dieu le sait. Moi, cela m’a tellement