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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/106

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la malice humaine ont pu altérer de mille façons ; qu’on ſe faſſe un principe de décrier cette raiſon qui eſt le vrai dépôt de la parole de Dieu ; & qu’on ſoutienne qu’elle eſt aveugle & corrompue, tandis qu’on nous fait un crime & un crime énorme de ſoupçonner la moindre altération dans la lettre d’une livre qui n’eſt que l’ombre de la parole de Dieu. Maximum babeatur ſcelus, talia de littera & verbi Dei idolo cogitare. On fait conſiſter la piété à étouffer la lumiere de la raiſon, & l’impiété à douter un inſtant de la fidélité de ceux qui nous ont tranſmis l’Ecriture.

Dieu autrefois voulant ſe ſoumettre les Iſraélites, ne ſe montroit à ce Peuple que pour l’éblouir & pour l’étonner. Il frappoit ſon imagination par le bruit du tonnerre, par les foudres & les éclairs. Ce langage convenoit alors à la Majeſté de Dieu ; mais Dieu ne ſe communique plus de cette maniere aux hommes ; & nous ne ſommes point ſi groſſiers que les Iſraëlites. En un mot il ne s’agit plus de ſurprendre l’imagination, il faut perſuader l’eſprit : donnez nous des raiſons.

Je paſſe au plan que Spinoſa fait de l’ancien Judaïſme ; & ce n’eſt pas