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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/108

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déſhérités d’Abraham n’en étoient pas moins honnêtes gens.

Spinoſa croit en conséquence que le choix du Peuple Juif, pour qui Dieu ſembloit marquer tant de prédilection, ne regardoit que le bonheur temporel de ce Peuple ; & l’opinion qu’ont encore les Juifs d’aujourd’hui, ſemble fortifier cette idée.

Ils prétendent que Dieu donna ſept préceptes à Noé, & que toutes les nations ne ſont tenues que de pratiquer ces préceptes ; mais qu’il en a donné un plus grand nombre à la nation Juive, afin de la rendre plus heureuſe que les autres.

Les hommes, dit Spinoſa, pour s’aſſurer une vie tranquile & commode ont été obligés de conſpirer enſemble & de mettre en commun les droits naturels que chacun avoit en particulier, pour les exercer en commun & pour ne plus dépendre de la violence & du caprice de chacun, mais ſe régler par le bon plaiſir & l’autorité de tous. Cette néceſſité où les hommes ſe ſont trouvés de vivre enſemble a donné lieu à diverſes eſpèces de Gouvernemens, ſelon les divers génies des hommes ; mais celui des Hébreux eſt le plus ſingulier de tous.