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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/25

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point en la grâce qui ne dépendoit point de moi : mon Dieu, en me créant, vous avez eu mon ſalut pour but, je n’ai pû être ſauvé ſans une grâce efficace, vous êtes donc obligé de me la donner ; ſi je ſuis damné, c’eſt votre faute & non la mienne.

§. X.

Dieu n’a parlé aux hommes que pour leur apprendre ce qu’ils ne pouvoient ſavoir par eux-mêmes & ce qui eſt néceſſaire à leur ſalut. Or l’Ecriture eſt obſcure & inintelligible, donc elle n’eſt point la parole de Dieu, donc elle a beſoin d’être commentée par les hommes, donc ce ſont les hommes qui nous inſtruiſent.

§. XI.

Quelles idées l’Ecriture nous donne-t-elle de Dieu ? il eſt aveugle, colere, moqueur, ignorant, cruel ; il eſt toujours en querelle avec le Diable qui eſt incomparablement plus fort que lui, qui lui débauche une partie de ſa cour, qui a beaucoup plus d’autels que lui, qui damne les trois quarts & demi de la Terre,