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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/42

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§. V.

Soumets ta raiſon orgueilleuſe, adore ce que tu ne comprends pas ; c’eſt le langage de toutes les Religions établies ſur la terre, toutes font un cas particulier de l’ignorance. Mahomet veut que l’homme ſoit brute ; St. Paul lui laiſſe ſa raiſon à condition de n’en point faire uſage ; cependant il étoit lui-même ſi peu convaincu des miracles de Jéſus-Chriſt qu’il lui a fallu un miracle particulier pour le convertir ; chacun de nous ne peut-il point en attendre autant ? Ce grand Apôtre tombe de cheval, il eſt frappé d’un aveuglement qui lui ouvre les yeux ſur la vérité du Chriſtianiſme, enfin il change en prodige la honte d’être mauvais[1] Ecuyer.

  1. Ne pourroit-on pas conjecturer que la converſion de St. Paul n’ait eu pour motif quelque mécontentement des Phariſiens qu’il avoit ſervis juſqu’alors avec un zêle qui pouvoit bien lui avoir laiſſé des remords. Peut-être ſentoit-il que le Phariséiſme ne battoit plus que d’une aîle & qu’il lui ſeroit plus avantageux de ſe réconcilier avec une Secte dont la ſingularité commençoit à lui attirer beaucoup de partiſans. Il fit donc ſon accommodement à Damas & il occupa la ſeconde place dans le college des Apôtres.