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Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/77

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dinaire. Il eſt certain, pourſuit-il, qu’autrefois les hommes ont regardé comme des miracles tout ce qu’ils ne pouvoient expliquer ; & le peuple encore aujourd’hui n’explique les effets naturels qu’en recherchant dans ſa mémoire quelque autre effet ſemblable qu’il voit ſans s’étonner. Car tel eſt le génie du Peuple, il croit ſuffiſamment comprendre une choſe lorſqu’il la voit ſans étonnement. Tum enim vulgus rem aliquam ſe ſatis intelligere exiſtimat, cum ipſam non admiratur Chap. 6. pag. 70.

Il conclud de là que plus on connoîtra les cauſes naturelles, plus on avancera dans la connoiſſance de Dieu. Ce n’eſt pas-là ce que diſent nos pieux imbécilles à l’a[age de Rome qui connoiſſent l’ignorance dont ils font profeſſion. Tanto piu malo Theologo, quanto piu grande Philoſopho.

Spinoſa vient enſuite au naturaliſme des miracles, d’abord il remarque que les faux Prophêtes en ont fait d’auſſi bien affectés que ceus des vrais Prophêtes.

Les circonſtances des miracles prouvent ſelon lui, qu’ils exigent des cauſes naturelles, elles concourent du moins ordinairement avec les miracles.