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Page:Doutre - Les fiancés de 1812, 1844.djvu/456

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trer en aucun arrangement. Un duel était pour moi ce qu’est pour un bon joueur une partie d’échec. Ce n’était plus avec sang froid que j’y allais, c’était en badinant et avec l’habitude et le rire indifférent d’un comédien sur la scène. Mon adversaire fut un peu intimidé par ma contenance assurée. Il ne me connaissait pas du tout et prenait mon ton d’indifférence pour de l’affectation qu’il se promettait de châtier à sa guise. Nous nous battîmes à l’épée. Je m’amusai longtemps à parer ses coups et à le blesser légèrement, espérant qu’il reviendrait à de meilleurs dispositions. Il s’apperçut bientôt de son infériorité, mais il en devint furieux et me pressa de si près que je le perçai presqu’involontairement. Je l’avais blessé au cœur ; il tomba sans mouvement. Les duels n’étaient pas si consé-