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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/111

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tour, fonce sur les lignes prussiennes ; mais il eut la prudence de n’y pas céder, et de ne pas compromettre un succès désormais certain.

Peu à peu, l’intensité de la lutte d’artillerie diminua ; à six heures, le dernier coup de canon fut tiré du haut du mont Yvron, occupé par les hussards de Stengel.

Les Prussiens bivouaquèrent dans la boue, sans tentes, sans vivres, sans manteaux.

Le roi de Prusse et le duc de Brunswick s’installèrent dans l’auberge de la Lune, à demi effondrée : un profond découragement venait de s’abattre sur l’armée d’invasion.

À sept heures, Dumouriez arrivait pour conférer avec Kellermann et s’enfermait avec lui dans l’unique chambre du moulin de Valmy.

On raconte qu’en y entrant, ils trouvèrent un grenadier assis sur une chaise.

« Allons, camarade, fit Kellermann, il faut nous céder la place. »

Et, comme le soldat ne répondait rien, le général le poussa légèrement. Le grenadier tomba à terre : il était mort.

Les généraux ne délibérèrent pas longtemps : ils décidèrent d’aller prendre, de l’autre côté de l’Auve, une position plus forte, et bientôt les troupes françaises s’ébranlèrent en silence et dans le plus grand ordre et repassèrent le ruisseau.

Le lendemain, les Prussiens allaient les retrouver devant eux, menaçants, retranchés dans une position formidable.

Ils ne devaient plus oser les attaquer, et, le 30 septembre, ils se mettaient en retraite.

Bientôt, cette retraite se changeait en débâcle. Le 14 octobre, Verdun était repris, et, huit jours après, Kellermann entrait à Longwy.

Le même jour, le canon tonnant aux Invalides annonçait au peuple de Paris qu’il n’y avait plus un seul ennemi sur le territoire français.

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Si vous passez quelque jour à Sainte-Menehould, mes enfants, allez voir le plateau de Valmy. Le moulin n’y est plus, mais une pyramide de granit