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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/137

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lendemain, le protecteur de Jean Tapin recevait un pli de service lui donnant l’ordre de remettre le commandement de la 9e demi-brigade au comandant Dorval, nommé colonel.

Quant à Bernadieu, Carnot le désignait pour remplir auprès de sa personne les fonctions d’adjudant, c’est-à-dire, pour être en quelque sorte ce qu’on nomme aujourd’hui un officier d’état-major. Ce fut pour le colonel une joie et une déception.

Joie de se sentir apprécié comme officier ; déception, parce qu’il quittait les soldats qu’il aimait, avec lesquels il avait combattu tant de fois déjà !

Mais il n’y avait qu’à s’incliner, et Bernadieu n’eut que le temps de faire ses adieux à ses soldats, car la 9e était désignée pour rejoindre en poste — c’est-à-dire en voiture — l’armée qui opérait en Vendée. On l’utilisait ainsi, lorsqu’elle avait contracté l’engagement d’honneur de ne pas servir pendant un an contre l’étranger.

Cependant le colonel Bernadieu, voulant garder auprès de lui son petit protégé, avait facilement obtenu que Jean Tapin fût attaché à sa personne ; En plus il avait insisté auprès de Catherine pour qu’elle n’emmenât pas Lison en Vendée. La cantinière avait fini par céder, malgré le chagrin qu’elle éprouvait à se séparer de son père, et vint habiter avec Lisette dans un logement que maître Sansonneau mit à sa disposition.

Jean logea avec sa maman et sa sœur d’adoption, et Bernadieu s’installa, tout près d’eux, rue de la Harpe.

Ainsi commençait pour Jean Tapin une existence nouvelle.

Après avoir fait la guerre comme soldat, il allait, aux côtés de son chef, rendre compte — d’une façon superficielle il est vrai, mais néanmoins intéressante — de la façon dont s’organisent les armées et comment se préparent les plans de victoires.