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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/195

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identiques. Il existe dans le vôtre des qualités que je prends pour les adapter au mien. Mais — ajouta-t-il en souriant — comme je ne veux point passer à vos yeux pour un plagiaire, je vous attache à ma personne en qualité d’officier d’ordonnance, et je vous charge spécialement d’étudier et d’approfondir avec moi cette question.

Vous pensez, mes enfants, si Jean trouva que Napoléon ier avait un neveu vraiment charmant, et s’il fut enthousiasmé de cette première entrevue !

Du reste, il n’y eut pas que lui de content : tous, sa charmante femme Valentine, ainsi que le commandant Henri, auquel il l’annonça par dépêche. le furent autant que lui, et ce dernier, en recevant la nouvelle, leva deux jours de salle de police qu’il venait d’infliger à Pierrot.

La situation brillante que Jean venait ainsi d’acquérir par son seul travail. était bien faite pour le rendre fier — et il eût été parfaitement heureux si le ciel lui eût donné un bébé. Mais, hélas ! son désir ne s’était pas jusqu’alors réalisé.

Or, comme, de son côté, le commandant Henri restait célibataire, il était à craindre que la famille de soldats, issue du tambour-maître Belle-Rose, dit Marcellus, et de Jean Tapin, ne s’éteignît avec les deux filleuls de l’Empereur.

Quoi qu’il en soit, le capitaine Jean n’avait pas à se plaindre de son sort : en peu de temps, il sut se faire apprécier de son puissant protecteur et eut bientôt ses grandes et petites entrées aux Tuileries, car Napoléon iii l’avait chargé, outre ses études particulières, de centraliser tout ce qui pouvait se produire d’intéressant dans les progrès scientifiques de l’époque.

Cette situation privilégiée devait mettre, et mit en effet le capitaine Cardignac en relations directes avec tout ce que, non seulement la France, mais l’Europe et même l’Amérique pouvaient contenir de savants et d’inventeurs.

Bouloche, son fidèle ordonnance, qui, on se le rappelle, était toujours content, l’était encore bien plus, maintenant !

Lorsqu’il avait été libéré du service, le capitaine Jean Cardignac l’avait fait admettre comme garçon de bureau au ministère de la Guerre, et Bouloche avait continué à exercer ces délicates fonctions auprès de son officier.

Puis, quand Jean devint officier d’ordonnance de l’Empereur, et dut transporter son bureau d’études dans un vaste atelier de peintre situé au-dessus des salles du Musée du Louvre, Bouloche fut nommé gardien préposé à ce local.