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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/226

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thousiasme et d’une faconde presque méridionale ; il avait d’ailleurs de qui tenir, étant de Toulouse.

Georges comprit alors que, chez l’officier, les qualités de caractère et le calme est une des plus essentielles, puisqu’elle permet de mettre les autres en œuvre — les qualités de caractère, dis-je, s’acquièrent par une observation incessante de soi-même et une volonté tenace, le tout étayé par un profond sentiment du devoir.

Je vous le répète donc aujourd’hui encore, mes enfants : que ceux d’entre vous qui, rêvant d’entrer dans l’armée, craignent de n’y point posséder les qualités qui font le vrai chef, qui redoutent de s’y montrer timides, impressionnables, manquant d’à-propos et de coup d’œil, que ceux-là se rassurent, tout cela s’acquiert : il suffit de le vouloir.

Le capitaine Cassaigne raconta alors à Georges Cardignac comment, criblé de coups et laissé pour mort près de la briqueterie de Bazeilles, il avait été soigné par de braves gens de Balan, fait prisonnier chez eux par les Prussiens, et, dès qu’il avait été guéri, interné à Colberg, au fond de la Prusse.

Depuis la guerre, il avait fait un tour à la Nouvelle-Calédonie, un autre tour à la Martinique, mais ses préférences allaient vers le Sénégal.

— Si la France a quelque chose d’intéressant à faire, conclut-il, c’est par là, à cause de la possibilité pour elle de pénétrer jusqu’au Niger et de rejoindre ensuite cette colonie à notre Algérie. La Cochinchine, c’est trop loin. Aussi j’espère bien que mon prochain tour de départ sera pour rejoindre au Sénégal le capitaine Galliéni et le docteur Bayol, qui vont parcourir le Fouta-Djalon et avec qui je voudrais bien faire cette intéressante reconnaissance.

— Comment faire pour y partir avec vous, mon capitaine ?

— Vous y tenez ?

— Plus que je ne puis vous le dire ; moi aussi, le Sénégal, le Soudan, toute cette Afrique mystérieuse m’attirent, me fascinent, et je vous assure que je ne tiens nullement à faire ici le stage réglementaire d’un an ou deux ; plus tôt je serai aux colonies, plus tôt je serai content.

— Je suis d’autant plus satisfait de vous entendre parler ainsi, Cardignac, que vous pourrez ainsi partir avec moi. Soyez tranquille : j’arrangerai cela avec le colonel.

Les premiers jours, les deux jeunes officiers furent absorbés par leurs