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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/240

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CHAPITRE VII

sur le « stamboul »


Le 28 janvier 1880, Georges Cardignac, descendant du train, à Bordeaux, avec le capitaine Cassaigne, veillait au débarquement des « marsouins » de son peloton, et, sabre au côté, prenait la tête de la compagnie pour se rendre au quai de Bacalan, où stationnait le paquebot. C’était le Stamboul, de la Cie Freycinet, bâtiment qui dessert la côte occidentale d’Afrique.

Une animation extraordinaire régnait sur les quais de la Garonne, ce merveilleux fleuve, qui, à cent quatre-vingt-seize kilomètres de son embouchure, est assez puissant pour livrer passage à des transatlantiques de trois mille tonneaux et donner asile à douze cents navires.

C’est toujours une heure curieuse que celui d’un départ de transport pour les pays lointains, surtout lorsque des troupes s’embarquent ; car l’opération s’exécute comme un exercice, avec la plus grande régularité, et en silence, chaque homme, muni de son sac et d’une couverture, allant occuper sa place dans l’entrepont ; les fusils seuls sont retirés aux soldats embarqués et mis en caisse, jusqu’à l’arrivée à destination. Entassés dans un espace de quelques mètres carrés, les hommes redoutent généralement ces longues traversées, surtout lorsqu’ils doivent franchir les régions équatoriales, ou certaines zones particulièrement torrides, comme la mer Rouge, où le thermomètre atteint cinquante et cinquante-cinq degrés à l’ombre.

Bien heureux encore, lorsque les effectifs embarqués n’obligent pas à