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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/319

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Bref, ce traité constituait une véritable annexion du territoire au Soudan, une réelle conquête pacifique.

Et je vous dirai — par parenthèse — mes enfants, que c’est ainsi que se sont faites la plupart de nos acquisitions coloniales africaines.

Des colonnes de police, de petites expéditions envoyées dans un but particulier (tel le cas de M. Ramblot) et même parfois des colonnes de simple exploration, amenaient ainsi des contacts avec des populations insoumises. Basée sur la force, sur le fusil et le canon, qui en cette matière imposaient le respect, l’action diplomatique de nos officiers et de nos explorateurs faisait le reste. Mais il est bon — en passant — de vous faire voir quel noble rôle est dévolu ainsi à nos officiers coloniaux. Songez à ce qu’il leur faut de tact, d’intelligence et en même temps d’énergie, sans compter le sens inné de la diplomatie, pour mener à bien de pareilles tâches. Aussi ne sauriez-vous trop les admirer et les chérir ! Ils dépensent le meilleur d’eux-mêmes pour le bien de la Patrie. Ils risquent leur vie à chaque pas, simplement, modestement, comme l’a fait ce prototype du soldat et de l’homme bien équilibré qu’est le colonel Marchand !

Glorifions-le donc, lui et tous ses camarades qui ont tant fait pour nous tous !… et qui sont prêts à le faire encore partout où la France aura besoin d’eux !

Donc, par le traité signé, Barka se trouvait rentrer dans le giron de la mère Patrie, un instant oubliée ; et rendons-lui cette justice de dire qu’il en fut enchanté. Au fond, son intérêt personnel s’alliait avec notre propre intérêt, car la protection du drapeau tricolore soustrayait Barka à l’action du fameux Samory, et je vous avoue qu’in petto, Mons Barka s’en réjouissait très fort.

Aussi ne se fit-il pas prier pour apporter à la colonne française l’appoint d’un millier de guerriers. Il est vrai qu’ils n’avaient pour la plupart que de mauvais fusils ; mais enfin c’était toujours ça ! De plus, la troupe d’attaque se trouvait, par ses soins, munie d’un convoi nombreux et bien organisé.

La marche fut donc rapide.

À Bissandougou, suivant un plan adopté à l’avance, la colonne se scinda en deux branches, formant une pince qui devait se resserrer sur Kerouané.

Le capitaine, avec le gros de sa colonne et les troupes de Barka, devait longer le contrefort de collines qui se détachent du massif principal,