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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/32

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veuse que par la fatigue, venait de s’asseoir sur un tas de pavés, au coin des rues Saumaise et Janin.


Le franc-tireur n’était autre que son ami Georges Cardignac.
Une détente s’opérait en lui : il sentait une torpeur envahir ses membres et son cerveau, et, machinalement, sa pensée se reportait vers son oncle. Qu’allait-il dire en effet, le pauvre oncle Henri, en voyant arriver son coquin de neveu, tout noir de poudre, tout souillé de boue ? Douloureuse question qui évoquait dans l’esprit de Paul une semonce énergique, doublée d’une punition formidable ; et, ma foi, je dois dire qu’il s’apprêtait à recevoir l’une et l’autre avec la bravoure qu’il avait dépensée pour recevoir le baptême du feu, quand, devant lui, passa un franc-tireur des Vosges.

C’était un tout jeune homme, on pourrait presque dire un enfant, bien que dans la nuit envahissante, on ne pût distinguer ses traits.

Il se dirigea vers la rue Janin, et, l’arme en arrêt, il observa un instant ; il s’élançait pour franchir la rue, quand un coup de feu jaillit, et le jeune franc-tireur s’affaissa lentement, en poussant une légère plainte.