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Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 3, 1904.djvu/402

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CHAPITRE XIII

deux revenants


Lorsque la colonne, ramenant avec elle les glorieux débris de la garnison de Tuyen-Quan, arriva à Hanoï, elle y trouva un télégramme du gouvernement, approuvant la proposition du général en chef en faveur des officiers, sous-officiers et soldats qui avaient pris part au siège, et leur transmettant les félicitations du pays. Le commandant Dominé était nommé lieutenant-colonel.

Georges Cardignac eut la chance de voir, un des premiers, la liste des heureux, et parmi eux le nom d’Andrit.

Il ne fit qu’un bond jusqu’à la citadelle où était casernée la légion.

— Décoré, tu es décoré ! s’écria-t-il, en pénétrant, sans crier gare, dans la chambre de son ami, qui, alité à la suite des fatigues du siège, sommeillait profondément.

Et je vous laisse à penser quel réveil ce fut pour le jeune officier. Dressé sur son séant, il croyait rêver ; car, si la croix fait plaisir à tout âge, combien elle paraît belle et radieuse sur une jeune poitrine. Ne proclame-t-elle pas à tous en effet qu’elle a été gagnée, non par la durée des services, mais par une blessure ou une action d’éclat ?

— Te souviens-tu, dit Georges, qu’à Saint-Cyr tu m’enviais ma médaille ? Eh bien, te voilà décoré avant moi ! La Providence fait bien les choses.

— Elle les eût bien mieux faites encore si elle nous avait apporté la