Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aux demandes du sultan, le capitaine de Melval répondit simplement par le récit de ce qui lui était arrivé.

Le commandeur des croyants l'écouta avec attention.

- Tu es l’ami de mon fils, lui dit-il, plus que son hôte par conséquent, et tu es sacré pour moi; tu n’as donc rien à craindre pour ta vie ni pour celle de tes compagnons, mais tu ne reverras pas ton pays ; tu as pénétré nos projets, tu connais maintenant la tête qui exécute et il est trop tôt encore pour aller donner l’alarme en Europe.

- Tu es le plus fort et je suis entre tes mains, dit l'officier, fais de nous ce que tu voudras.

- Je n’ai pas de haine contre ta nation, reprit le sultan. Les Français ont toujours été les amis les plus désintéressés de la Turquie, et les relations entre les deux pays remontent à plusieurs siècles; un de vos génies, Bonaparte, en débarquant en Égypte, proclamait que « les Français étaient les vrais musulmans ». Dieu leur inspirera le désir de le devenir et leur ouvrira la vraie voie; ils ont ce qui manque à beaucoup d’autres peuples, la générosité, et comme les Arabes, ils ont le culte de leur parole. Ce sont des infidèles; s’ils persistent dans l’erreur ils périront comme les autres; mais je conserve néanmoins l’espoir qu’ils se convertiront à l'islamisme et m’épargneront les massacres ordonnés par Dieu.

- Tu te trompes, répondit l’officier en secouant la tête; comment peux-tu espérer, connaissant leur culte pour l’honneur et la parole donnée, qu’ils renieront leur religion? Ils ne la pratiquent plus guère, c’est vrai, mais ils lui redeviendraient attachés comme au premier jour si on voulait les obliger à en embrasser une autre; crois-moi, tu ne les con-