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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/140

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comptait plus de 1.500 dans le corps commandé par Kassongo ; ils avaient été capturés dans les vastes forêts qui s’étendent entre Nyangoué et le Tanganika, et devaient rendre des services inappréciables à cette masse en mouvement pour le transport des approvisionnements amassés le long de la route.

Au lieu d’enrichir de leurs défenses les marchés d’ivoire de la côte, ils allaient servir les Africains dans cette lutte, qui mettait aux prises le monde blanc aidé de la science et le monde noir aidé du nombre.

Au bout de trois semaines, tous les postes qui bordaient le Congo et ses principaux affluents étaient réduits en cendres par les premières masses de Nzigué.

Le chef congolais avait donné, comme unique mot d’ordre, celui-ci : « Pas de quartier ! »

Ses ordres furent exécutés à la lettre.

Et depuis Nyangoué, la station principale du haut Congo, jusqu’aux Stanley-Falls[1] ; depuis Oupoto et Equateurville jusqu’à Bonga et Léopoldville, tous les comptoirs belges disparurent.

Seule Vivi, station importante fondée par Stanley en 1879, en vue des chutes de Yellala, résista pendant deux mois aux tribus riveraines.

Bôma, port important, très proche de l’embouchure du fleuve, fut pris en quelques heures, et aucun Européen n’échappa au massacre : les noirs s’acharnèrent sur les factoreries qui prospéraient à l’ombre du drapeau étoilé de l’Etat indépendant ; après trois jours de pillage, de tueries et d’atrocités sans nom, il ne restait plus de cette ville que des murs calcinés.

C’est que Bôma, jadis grand centre d’un marché d’esclaves rappelait aux indigènes d’effroyables cruautés.

Les vieillards des tribus racontaient qu’ils avaient vu des noirs enchaînés par groupes, à l’aide de carcans de fer, conduits dans des barques au milieu du fleuve par les colons belges et engloutis, par centaines, pour des délits sans importance !

  1. Les chutes de Stanley.