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les Niam-Niam et se fondre avec eux, donnant ainsi raison aux anthropologistes qui avaient proclamé leur communauté d’origine.

Derrière eux, les Apfourous et les Batékés, réunis en un seul corps de 60.000 hommes, s’allongèrent dans la vallée de la Sanga, conduits par le roi Okana, petit-fils de l’ancien ami fidèle de la France, le roi Makoko.

Dans cet exode immense, les peuplades guerrières entraînaient les autres dans leur orbite, et des tribus d’effectif relativement faible, mais de race pure, formaient le noyau d’armées considérables : les peuples inférieurs suivant naturellement ceux à qui ils reconnaissaient la supériorité des armes.

C’est ainsi que se forma, dans le Sud-Est du grand continent, une des armées les plus puissantes de l’invasion noire.

Le noyau en avait été réuni par le roi des Massai et des Oua-Kouafi, population de pasteurs et de guerriers qui, comme leurs parents, les Gallas, parcouraient les plaines herbeuses, broussailleuses ou arides, qui s’étendent entre Zanzibar et le lac Victoria.

Vivant du lait de leurs vaches auquel ils mêlaient le sang tiré du cou de leurs taureaux[1], les Massaï, surnommés par leurs voisins les « Il-Oikob », c’est-à-dire « les Vaillants », croyaient descendre d’un Dieu siégeant au-dessus des nuages sur le Kilimandjaro.

Ils étaient grands, élancés, admirablement taillés pour la course ; leur front était large, leur nez mince et droit, mais les incisives supérieures projetées en avant empêchaient leurs lèvres de se rejoindre ; leurs pommettes étaient très saillantes et leurs paupières obliques comme celles des Mongols ; leurs oreilles portaient de lourds pendants de fer ou de cuivre.

  1. Krapf. Voyages dans l’Est africain.