Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais ce n’était pas là le sujet des méditations de l’ingénieur lorsqu’un beau matin, trois jours seulement avant son départ, la vieille Marianne, sa bonne, lui remit une carte dont la lecture lui arracha un cri de surprise.

On y lisait en effet :

Joseph Fortier

INGENIEUR EN CHEF
DE LA COMPAGNIE DU CHEMIN DE FER TRANSSAHARIEN

— Toi ici ? s’écria l’aéronaute en se portant, les bras tendus, au devant du visiteur : quelle joie de te revoir ! on avait écrit… j’avais lu dans les journaux que…

— Oui, je comprends, que j’avais disparu moi aussi avec tant d’autres et qu’on n’avait plus de mes nouvelles.

— Mais certainement, et tu as dû lire sur bien des journaux de superbes oraisons funèbres composées à ton intention.

— Pas encore, je suis arrivé ce matin, mais il en a fallu de peu que ma pauvre Christiane ne m’attendit pour toujours à Alger où je l’avais laissée.

Alors seulement l’ingénieur remarqua que son vieil ami n’était pas seul.

— Mademoiselle, fit l’aéronaute en s’inclinant.

— Ma fille, dit le nouvel arrivant.

Et pendant que la jeune fille s’asseyait dans un coin du bureau encombré de livres et de modèles.

— Ne t’étonne pas de son attitude lugubre, dit à voix basse l’ingénieur du Transsaharien, je t’expliquerai cela.

Alors les deux hommes causèrent. M. Fortier se trouvait près d’El-Goléah au moment des assassinats sans nombre qui avaient ensanglanté le Sud algérien ; la voie ferrée avait