Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étoiles de feu se montrèrent : les deux réseaux européen et africain étaient soudés l’un à l’autre ; c’est ainsi qu’a été reporté sur les cartes le plus grand arc de méridien qui, jusqu’à présent, ait été a directement mesuré sur la terre et projeté astronomiquement sur le ciel »[1].

Quelques instants après cette conversation, le Tzar s’abattait sur l’esplanade qui précède la citadelle et était entouré aussitôt par les zouaves transformés en aérostiers.

— Monsieur le commandant Le Ny ? dit l’ingénieur s’avançant au-devant d’un officier qui venait d’apparaître à la porte du bâtiment principal.

— Lui-même, répondit ce dernier, et joliment ébahi, je vous assure, de vous voir arriver ici trois heures après la dépêche qui m’annonce votre arrivée. Quand on pense que nous mettons ving-cinq jours, par étapes, à nous carapatter d’ici Alger…

Le commandant Le Ny était un homme grisonnant, de haute taille et de belle allure : il avait une moustache touffue, hérissée, qui donnait à sa physionomie un aspect formidable ; les deux mains plongées dans les poches d’un « flottard » de respectable volume, la poitrine bombée, portant beau, il était bien le type de ces officiers auxquels un long séjour en Afrique a donné sur les Arabes le geste dominateur du maître.

— Et les nouvelles ? demanda l’ingénieur.

— Pas brillantes : plus un Arabe ici ; désertion complète !

Les voyageurs se retournèrent vers la ville qui se développait à leurs pieds ; on ne voyait pas une âme dans les rues.

— Ils sont partis vers le Nord ?

— Non pas, vers le Sud, et il en est de même à Géryville et à Biskra : les femmes, les enfants ont fui comme les autres et il ne reste plus dans les maisons que les vieillards et quelques chiens : c’est une véritable émigration.

— Ceci est l’indice que l’ennemi n’est pas loin ; ne vous semble-t-il pas, commandant ?

— Je n’en sais rien : de l’escadron de spahis qui était ici il reste 28 hommes, c’est-à-dire les cadres français ; les

  1. GENERAL PERIER, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1879.