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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/272

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— Il avait donc besoin d’être réchauffé, votre cœur ? fit le général surpris.

— Je ne vous le cacherai pas.

— Ah ! ces savants, dit le général en riant, ces polytechniciens positifs ; vous êtes bien les saints Thomas des temps modernes ; quels hommes parfaits vous feriez si, au culte de la matière et du chiffre, vous mêliez un peu de l’enthousiasme et de la foi des Saint-Cyriens.

— A votre contact, mon général, l’enthousiasme vient tout seul.

L’ingénieur disait vrai. Ses appréhensions étaient tout à fait évanouies cette fois.

— La France allait remporter là une superbe victoire : l’histoire des guerres d’Afrique allait s’enrichir d’un fait d’armes sans précédent, car toutes les batailles livrées jusqu’à présent aux Arabes n’étaient que de petits combats en raison du choc qui se préparait.

Jamais, même au temps de la conquête, on n’avait réuni de pareilles forces dans un même point.

Le maréchal Bugeaud qu’on ne pouvait s’empêcher de citer dans une pareille circonstance, n’avait à l’Isly que 8.000 hommes, dont 1.500 chevaux.

Et il avait remporté une victoire éclatante.

Le Tzar était remonté dans l’espace.

Et comme il venait d’atteindre l’altitude de 400 mètres, Guy poussa un cri.

— La cavalerie est engagée, fit-il.

En effet, le dispositif d’exploration qui développait tout à l’heure une longue ligne d’éclaireurs, à 6 ou 8 kilomètres en avant de l’armée, avait changé de forme.

Sur plusieurs points les éclaireurs s’étaient repliés, et les pelotons mêmes s’étaient rabattus sur leurs escadrons.

— Sur d’autres, des pelotons étaient aux prises avec des groupes de cavaliers arabes ; l’un d’eux était entouré complètement par une masse assez considérable, et les vestes bleues, noyées dans les burnous blancs, faisaient d’en haut l’effet d’un bleuet isolé dans un bouquet de marguerites.

Mais on allait les délivrer. De plusieurs points de la ligne, deux pelotons se suivaient de très près lancés à la charge ; en arrière des escadrons, des estafettes couraient à