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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/30

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C’est au pied de la grande cascade d’Atougha et jusqu’à 1.000 mètres environ en aval qu’étaient installés les chantiers nègres travaillant à l’affouillement du lit de la rivière et à l’extraction du précieux métal.

Là en effet devaient, par suite de leur propre poids, se trouver les pépites importantes que l’eau avait détachées des parois de quartz, de gypse et de mica qui resserraient son cours supérieur.

Sur la rive gauche, au sommet d’un escarpement situé à 200 mètres environ de la grande chute, et entouré de trois côtés par un des bras de la rivière, s’élevait le bôma du sultan.

C’était une enceinte ovale, palissadée, de 300 à 400 mètres de tour, renfermant environ cinquante cases en pisé recouvertes d’un toit conique en paille semblables à celles que Binger avait observées dans le pays de Kong ; elles étaient destinées à la garde particulière du khalife, à ces Soudanais géants recrutés un peu partout, serviteurs dévoués aveuglément au sultan et capables de tout tenter sur un signe de lui.

Ils habitaient le « bôma » à raison d’une vingtaine par case ; mais ils avaient à l’extérieur de l’enceinte fortifiée sur la lisière du bois d’autres demeures en paille occupées par leurs femmes et leurs enfants, et où ils pouvaient séjourner quand ils n’étaient pas de garde auprès du maître.

L’ensemble de ces habitations très pittoresques au milieu du feuillage des bananiers et des Spathodea, l’un des plus imposants représentants de la flore africaine, formait un gros village où les enfants abondaient, chacun des guerriers de la garde ayant en moyenne trois ou quatre épouses.

Au centre de ce village, sur une place plantée d’arbres, s’élevaient les cases de leur commandant et de leurs officiers au nombre de vingt ; à l’imitation des armées européennes, le fils du sultan avait divisé ces 1.000 soldats en quatre compagnies de 250 hommes et de 5 officiers chacune. Le commandant de ce bataillon d’élite, un nègre gigantesque nommé Selim, était dévoué corps et âme au sultan. Ayant une connaissance assez complète des principaux règlements militaires français, il avait instruit et discipliné sa troupe à la façon des contingents indigènes du Sénégal, et le fana-