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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/306

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N’était-ce pas le moment ?

Mais au même instant Gesland apparut à l’écoutille apportant les carabines.

L’heure était passée, il fallait en attendre une autre.

Maintenant le Tzar montait, délesté de quelques lingots de plomb ; il arriva à 600 mètres et s’équilibra.

Les sifflements avaient cessé.

Pas un souffle d’air ; l’aérostat allait planer au-dessus du champ de bataille comme s’il eût été fixé au sol par un câble.

Et comme l’ingénieur tranquillisé pour sa machine examinait le réflecteur avec l’intention évidente de l’utiliser de nouveau.

— inutile, fit Saladin, voyez là-bas !

Une tache rouge apparaissait dans l’Ouest et grandissait rapidement.

C’était la lune.

En moins de cinq minutes son disque surgissait écarlate, énorme, au-dessus des crêtes des derniers contreforts du Djebel-Amour.

Alors la plaine sortit de l’ombre mystérieuse.

La fusillade continuait terrible, à courte distance, marquant nettement le front des deux armées, et il devint facile de comprendre la tactique adoptée par les Noirs.

Les premiers rangs abattus, sacrifiés, formaient un véritab1e parapet abritant les rangs suivants, et pendant qu’à l’abri de ce masque d’un nouveau genre les combattants armés de fusils entretenaient le feu, les retardataires arrivaient à la curée.

On les voyait confusément au loin par longues files ou par groupes épais se hâtant vers le lieu du combat.

Du côté des Français le feu s’était sensiblement ralenti ; sans doute on éprouvait le besoin de ménager les munitions pour le moment où les assaillants quitteraient leurs funèbres abris.

— Voila les chasseurs d’Afrique qui montent à cheval, dit Guy… est-ce que le général songerait à les faire charger ?

— On voit maintenant assez clair, dit l’ingénieur ; il a raison d’essayer de rompre ce cercle.

— A sa place je n’essayerais pas, dit-il ; voyez donc, ils vont se noyer dans cette mer.