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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/32

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C’est dans ce château fort que s’entassaient les richesses extraites du Bahr-Dari, et du sommet de la plate-forme qui le couronnait, le sultan pouvait embrasser d’un seul coup d’œil les quinze mille travailleurs occupés à leur extraction.

Une animation de fourmilière régnait dans la vallée. Sur le fond brillant de la rivière qui, sauf en son thalweg de la rive droite n’avait qu’une très faible profondeur, les corps des noirs se détachaient nombreux et pressés, divisés en ateliers de vingt hommes sous les ordres d’un « cheik ».

Chaque noir muni d’un de ces récipients en bois que les mineurs des placers californiens appellent batées, ou de sébiles ovoïdes taillées sur une corne de rhinocéros, la remplissait du sable extrait du lit de la rivière ou de la terre détachée de ses rives ; puis, exécutant rapidement une série de mouvements oscillatoires à droite et à gauche, en avant et en arrière, il inclinait l’appareil. L’eau entraînait avec elle les matières légères ; d’abord celles qu’elle tenait en suspension : sables, terres ou argiles ; puis, celles un peu plus lourdes : débris de pierres, petits cailloux, grains de quartz ou de silex, morceaux de roches désagrégées ; bientôt il ne restait plus au fond du récipient que les matières les plus lourdes : oxyde de fer noir, brillant, magnétique, c’est-à-dire attirable à l’aimant, et paillettes ou pépites d’or et de platine ; les premières d’un jaune Sombre, les secondes d’un blanc argentin un peu mat.

Avec un morceau d’aimant que chaque travailleur portait à sa ceinture dans une pochette de cuir, l’oxyde de fer était enlevé et rejeté..

Puis venait le triage de l’or et du platine.

Enfin, dans l’or lui-même, on extrayait les pépites, c’est-à-dire les morceaux de métal pur de la grosseur d’un pois au moins.

Elles se présentaient avec des formes bizarres et originales, à surfaces arrondies, usées par l’entraînement de l’eau ; Quelquefois la sébile ramenait du premier coup une pépite énorme, et il fallait voir la joie du noir à l’aspect de cette aubaine, dont aucune part cependant ne devait lui revenir.

Ce qui restait : paillettes, plaquettes, aiguilles, poussières, portait collectivement le nom de « poudre d’or », et sert