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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/34

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par l’habitude qu’ils avaient toujours eue de se perforer la conque de l’oreille pour y insérer un bâtonnet[1].

Ils avaient été amenés à Atougha par leur roi Mounza, homme intelligent converti par le sultan lui-même à qui il avait donné l’hospitalité, lorsque, chassé de Constantinople, puis traqué en Égypte par les Anglais, il avait dû se réfugier dans la région du Bahr-el-Ghazal.’

Aussi existait-il entre le khalife et le roi des Monbouttous des relations étroites qui ne faisaient qu’accroître le dévouement de ce monarque à la cause musulmane, et comme il dominait sur une population évaluée par Schweinfurth à un million de sujets et qui en comprenait au moins le triple, comme il était de plus un des rares souverains d’Afrique entretenant une armée permanente, on comprendra pourquoi le sultan avait fait de ce peuple intelligent et belliqueux le noyau de l’armée qu’il se réservait avec son fils le soin de diriger lui-même.

Il en était de même des tribus des Niam-Niam qui bordaient au nord le royaume de Mounza.

Longtemps en Europe les nègres connus sous ce nom avaient passé pour avoir une queue comme les singes, et nombre de disciples de Darwin n’avaient pas manqué de les regarder comme des êtres transitoires tenant le milieu entre l’homme et le gorille.

Ils allaient faire rapidement justice de ces imputations en montrant aux peuples d’Europe qu’ils étaient conformés comme eux et savaient manier les fusils les plus perfectionnés, ce à quoi le singe n’arrivera jamais.

Leur roi Timbo avait été lui aussi un des premiers à écouter la lecture du Coran que lui avait faite l’iman du khalife, Si-Ahmer-ed-Din, et il avait entraîné tout son peuple dans sa conversion.

Non sans peine toutefois, car les Niam-Niam, peuple batailleur s’il en fût, avaient depuis les temps les plus reculés conservé la douce habitude de manger les prisonniers de guerre.

Le cannibalisme existait au même degré chez les Monbouttous.

  1. Schweinfurth.